L’Empereur exprimait souvent à haute voix son appréciation sur les robes des nobles dames qui participaient à ses réceptions. Stendhal rappelle qu’à l’époque impériale certaines dames pleuraient parce que l’Empereur leur avait dit que leurs toilettes étaient de mauvais goût.
Pauline elle-même ne faisait pas exception à la règle.
Un certain soir, lors d’un souper aux Mulini, la Princesse apparut vêtue d’une ample robe noire. Elle savait que son frère n’aimait guère cette couleur et avait donc chercher à l’égayer avec de longs rubans de soie rose. L’effet en fut détestable. Napoléon, stupéfait s’exclama : « Mais comment cela, Madame, vous venez à table en domino ? Allez- vous changer »
Quelques semaines après, Pauline eut encore à subir une autre remarque désagréable.
Au Palais impérial, une brillante soirée dansante venait de commencer. La Princesse entra dans le salon, passa devant le trône, s’inclina et regarda son frère : elle en fut presque épouvantée. L’Empereur était furibond : « Madame, ce soir vous êtes habillée à la victime ! C’en est trop ! »
La robe de Pauline « à la victime » était en réalité toute blanche et brodée d’or, et elle l’avait reçue de Paris. C’était une tunique qui retombait le long de son corps en larges plis droits, pendant que sur une de ses épaules s’étalait un châle rouge. Les cheveux de la Princesse tirés en arrière retombaient sur la nuque à la manière des Venus grecques. L’ensemble était une idée du perruquier de Talma dont elle avait souvent suivi les conseils.
(Antonio SPINOSA)